Les Boursiers du réseau RAMR2D
CEA affiliés :
- CEA Mines et Environnement de Côte d’Ivoire (MEM) en Côte d’Ivoire
- CEA émergent Mines et Sociétés de l’Institut Supérieur des Mines et Géologie de Boké (ISMGB) en Guinée.
Intitulé :
Analyse d’espèces végétales natives de sites miniers en Côte d’Ivoire et au Maroc et développement de procédés de phytorestauration : perspectives d’application méthodologique en Afrique de l’Ouest
Résumé du projet scientifique
Les activités minières se développent massivement en Afrique, qui représente 10 % de la production mondiale et abrite 30 % des ressources minières de la planète. Cependant, la destruction des écosystèmes et de leur biodiversité est l’un des principaux impacts négatifs des activités extractives. La restauration de ces milieux est donc un enjeu majeur. La phytoremédiation représente une alternative écologique et peu coûteuse face aux traitements physico-chimiques habituellement utilisés pour la réhabilitation des sites miniers dégradés.
Cette technique, de plus en plus utilisée dans les pays industrialisés, semble particulièrement adaptée aux pays en développement au Sud. Cependant, dans ces pays, et plus spécifiquement en Afrique de l’ouest, rares sont les études menées à l’échelle des territoires sur la problématique des environnements miniers et de leur biodiversité spécifique. Cette thèse a pour objectif de développer une approche inclusive à travers une analyse des espèces dominantes (hyperaccumulatrices) dans deux sites contrastés (des sites aurifères de la région de Bozi et Kokumbo en Côte d’Ivoire, Tighza-Jbel Aouam au Maroc), représentatifs de la problématique de l’activité minière en Afrique.
Après une caractérisation de la contamination des substrats et des environnements pollués dans les trois écosystèmes miniers étudiés, nous identifierons plusieurs essences végétales natives tolérantes et/ou hyper-accumulatrices des contaminants. Ces espèces feront l’objet par la suite d’une caractérisation physiologique et biochimique de leur capacité de tolérance et d’hyperaccumulation des éléments traces métalliques. La compréhension de ces mécanismes permettra ainsi d’orienter le choix des espèces et des stratégies de phyto-restauration adaptés à chaque site minier dégradé. Des essais de revégétalisation à l’échelle de station pilote édifiée sur place seront réalisés.
Ces travaux permettront de proposer des solutions et des procédés innovants pour la phytoremédiation adaptée localement aux écosystèmes miniers dégradés et de co-construire une expertise à l’échelle régionale. Ils permettront également un transfert de connaissances, de technologies et de savoir-faire dans les laboratoires partenaires membres du CEA impliqués dans ce projet de thèse, en particulier en perspective sur le site de Fria en Guinée (exploitation et traitement de bauxite).
Insertion du projet de thèse dans le milieu scientifique local, régional, international :
Apporter des solutions durables construites et acceptées par l’ensemble des acteurs afin d’orienter l’activité minière vers une responsabilité accrue devient un défi majeur, car les impacts vont s’additionner à ceux des changements climatiques, l’ensemble induisant des conséquences sévères pour les populations, leur condition de vie et de santé : il devient urgent de conjuguer ces problématiques inclusives pour un développement réduisant simultanément les empreintes environnementales négatives (Hund et al 2020), objectif décliné dans le cadre spécifique des objectifs du développement durable (ODD) et de l’activité minière extractive en général (Mapping Mining SDGs).
La préservation et la restauration des écosystèmes miniers et de leur biodiversité est ainsi un challenge sociétal majeur pour préserver les chances d’améliorer le bien-être et la santé des populations (ONUPNUE, 2018 ; Sommet 2020 – Nations unies sur la biodiversité) et en accord avec la priorité « transition verte » du dialogue politique de haut niveau entre l’Union Africaine et l’Union Européenne (https://ec.europa.eu/info/research-and-innovation/strategy/strategy-2020 2024 /europeworld /international-cooperation/eu-africa-cooperation/green-transition-priority).
Dans ce sens en particulier, la dégradation du fonctionnement des écosystèmes « miniers » et de leur biodiversité est un axe majeur à adresser en Afrique de l’ouest ou l’indice de Biodiversité vivante a diminué de 65% entre 1970 et 2016, lié à 40% aux changements d’usage des terres et des océans (WWF living planet report, 2020), changements estimés à minima à 6% issus de l’activité minière dans les zones protégées (Rachel et al. 2019).
Au Maroc, les aspects environnementaux liés aux activités minières font partie des chantiers importants auxquels le pays accorde de plus en plus d’importance. Le Code minier 2015 (loi 33/13 du 1er juillet 2015) en est l’expression législative incluant plusieurs mesures relatives à l’environnement.
L‘Université Mohammed-V, la plus ancienne et l’une des plus importantes universités du pays, participe activement à ce grand chantier et a fait de « l’environnement » un de ses axes stratégiques prioritaires de recherche. Les enjeux de préservation et valorisation de la biodiversité en général et des plantes adaptées au contexte minier, et hyperaccumulatrices de métaux sont mondiaux à la fois pour restaurer les environnement dégradés (phytostabilisation, dépollution), pour bio-recycler des métaux (phytomining) et préparer les filières futures de développement durable.